Personne dominante, arrogance et blessure d’humiliation : transformer la domination en opportunité de croissance
- damien launay

- 27 oct.
- 6 min de lecture
Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était une amie, quelqu’un de brillant, d’intelligent, de charismatique. Mais à chaque conversation, elle trouvait toujours le moyen d’avoir raison. Et moi, sans trop comprendre pourquoi, je sortais de ces échanges vidé, petit, coupé de moi-même.
Je lui en voulais de ne jamais m’écouter, mais au fond, je m’en voulais surtout de ne pas savoir me défendre ou poser mes limite. Ce jour-là, sans le savoir, je venais de mettre les pieds dans une dynamique de pouvoir une relation toxique subtile, celle où l’un parle pour se prouver, et l’autre se tait pour ne pas perdre l’amour.
Comprendre le mécanisme derrière la critique ou l’arrogance
Critiquer, corriger, rabaisser les autres… C’est rarement une preuve de force. C’est très souvent une stratégie de survie émotionnelle.
Quand l’estime de soi est conditionnelle, c’est-à-dire dépendante du regard, de la performance ou de la reconnaissance extérieure, la personne ne peut se sentir valable que si elle est
“au-dessus”. Elle mesure sa valeur en contraste avec les autres :
« Si je te fais te sentir petit, je me sentirai un peu plus grand. »
Mais ce qu’on oublie, c’est que ces personnes n’ont souvent jamais connu la sécurité d’exister simplement. Elles ont grandi dans des environnements où il fallait briller, performer, impressionner, prouver sa valeur. Alors, adultes, elles reproduisent le seul modèle qu’elles connaissent : le rapport de force. (ceci un un des nombreux mécanismes qui existe).
Sous la critique, l’arrogance ou le mépris, il n’y a pas de vraie confiance. Il y a de la honte, du rejet et une peur profonde d’être effacé. Rabaisser quelqu’un, permet à la fois de projeter à l’extérieur ce qu’on ne supporte pas à l’intérieur. Une manière de se protéger pour ne pas se confronter à ses propres faiblesses, mais qui entretient le cercle de la déconnexion émotionnelle. C'est également une manière se gonfler d'orgueil, rabaisser les autres en leur montrant que c'est jamais assez bien permet d'avoir la sensation que l'ecart qu'il y a entre moi (nul) et les autres (parfait) est grandement réduit ou inversé. Si nous étions dans une estime de nous suffisante nous n'aurions pas besoin de ces mécanismes pour alimenter un peu de valeur conditionnelle.
Le rôle du système nerveux autonome dans cette dynamique
Le système nerveux autonome (SNA) joue un rôle central dans ces comportements. Lorsqu’une personne s’est sentie humiliée, rejetée ou impuissante dans le passé et sans valeur, son corps a appris à se protéger par la domination. Le SNA se met alors en mode combat : tension, argumentation, rigidité, justification.
Rabaisser, contredire ou imposer son point de vue devient une manière inconsciente de reprendre le contrôle sur une situation perçue comme menaçante du style "si j'ai tort alors je suis sans valeur". Bien sur ce n’est pas de la vraie puissance : c’est simplement un corps en défense, qui lutte pour se sentir en sécurité.
Et plus la peur intérieure est forte, plus la façade extérieure est dure.
Les blessures émotionnelles à l’origine des comportements des Personnes dominantes
La blessure d’humiliation : souvent la racine principale. Quand on a été rabaissé, moqué ou ridiculisé dans l’enfance, la honte devient insupportable. Alors on prend les devants : “Je te fais sentir petit avant que tu ne m’humilies.”
La blessure d’injustice : ceux qui ont grandi dans un environnement rigide, exigeant, froid ou moralisateur développent un perfectionnisme extrême. Ils supportent mal la faiblesse ni chez eux, ni chez les autres. Rabaisser devient un moyen d’éviter la vulnérabilité et de s'enlever de la valeur.
La blessure de trahison : pour d’autres, c’est la peur d’être dominé ou trompé. Alors ils dominent pour ne plus jamais revivre ce sentiment d’impuissance.
Sous toutes ces blessures, il y a un besoin universel : se sentir en sécurité dans la relation.

Pourquoi certaines personnes ont besoin de dominer verbalement ou d’avoir toujours raison
Derrière le besoin d’avoir raison des Personnes dominantes, il n’y a pas de véritable conviction mais une peur viscérale de perdre le contrôle. Pour ces personnes, le désaccord n’est pas une opinion différente, c’est une menace identitaire.
Leur système nerveux se met immédiatement en alerte. Le ton monte, la parole s’accélère, les arguments fusent. La personne ne débat pas, elle se défend.
Ce n’est pas “je veux dominer”, c’est “je ne veux pas me sentir impuissant”.
Et comme le SNA gère tout cela de manière autonome, elle ne s’en rend même pas compte. C’est plus fort qu’elle, c'est automatique.
Comment gérer une personne dominante
C’est souvent là que tout se joue : comment réagir sans se perdre ?
Reconnaître l’activation dans ton corps. Quand tu sens que ton cœur s’accélère ou que ton ventre se serre, rappelle-toi : c’est ton système nerveux qui entre en défense. Respire, reviens à toi et refais venir la sécutrité, rappelle toi que c'est peut être 100% désagréable, mais pas 0% dangereux.
Pose des limites claires mais calmes. Tu peux dire :
“Je comprends ton point de vue, mais je ne discuterai pas tant que le ton reste agressif et que tu ne cherche pas à comprendre le miens, c'est pas toujours binaire.” C’est une manière de sortir du jeu psychologique sans alimenter le conflit.
Ne cherche pas à prouver. Si tu rentres dans la bataille du “qui a raison”, tu nourris la dynamique de pouvoir. Garde ton énergie pour toi. De toute façon la personne en face de toi est en insécurité donc impossible de lui faire entendre raison dans ces conditions.
Observe plutôt que réagir. Demande toi : “Qu’est-ce que ce comportement vient réveiller chez moi ?”Une peur du rejet ? Un besoin d’être reconnu ? Une honte de ne pas oser répondre ?
Recentre-toi sur ton estime inconditionnelle. Ta valeur ne dépend pas de ta capacité à convaincre, mais de ta capacité à rester aligné·e à toi-même, même face à la tension.
Exemple : la scène de trop
Un jour, lors d’une réunion, Julie une collègue de longue date s’est levée en me coupant la parole pour la cinquième fois. « Non mais attends, Damien, tu n’as pas compris ce que je veux dire ! » Toute la salle s’est tournée vers moi. Je sentais la chaleur monter, ma gorge se serrer, mes mains trembler légèrement. Avant, j’aurais ri nerveusement, ou j’aurais baissé les yeux. Mais cette fois, j’ai respiré.
Je lui ai répondu calmement :
« Julie, je t’entends. Mais j’aimerais finir ma phrase avant que tu répondes. »
Un silence s’est installé. Pas un silence de guerre. Un silence de présence.
Pour la première fois, j’ai senti mon système nerveux rester régulé dans une situation de tension. Je ne cherchais plus à prouver quoi que ce soit je me respectais. Et ce simple geste a changé toute la dynamique.
De la blessure à la croissance intérieure
Les personnalités arrogantes ou dominantes réveillent souvent en nous nos blessures d’enfance : la peur d’être rejeté, humilié, ignoré. Mais si l’on prend du recul, elles peuvent devenir des miroirs puissants.
Chaque fois qu’une personne te met face à un malaise, tu as deux options :
réagir (te justifier, fuir, ou contre-attaquer),
ou observer ce que ça réveille en toi.
Peut-être que cette arrogance touche ton besoin d’être reconnu, ta peur du conflit, ou ton ancienne habitude de te taire pour éviter de perdre l’amour.
Les personnes qui te dérangent ne sont pas là pour t’abîmer, mais pour te montrer où tu as encore besoin de t’aimer. C’est ça, la vraie autonomie émotionnelle : ne plus attendre que l’autre change, mais utiliser ce qu’il éveille en toi pour grandir. Car changer les autres c'est comme remonter un torrent à contre courant.
En conclusion
Face à une relation toxique, à une dynamique de pouvoir ou à une domination verbale, il n’y a pas de formule magique. Mais il y a un chemin : celui de la conscience, de la régulation et de l’amour de soi. Et c’est sur ce chemin qu’on peut retrouver une estime de soi inconditionnelle, qui ne dépend plus du regard ni de la validation de l’autre.
🎧 Pour aller plus loin : Je parle plus en profondeur dans mon podcast “Tous des Bichettes”, où je décrypte chaque semaine les blessures émotionnelles, la régulation du système nerveux et les dynamiques relationnelles qui nous façonnent.
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