Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être bien adapté à une société profondément malade
- damien launay

- il y a 4 jours
- 4 min de lecture
« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être bien adapté à une société profondément malade. »— Jiddu Krishnamurti
Cette phrase dérange. Et c’est précisément pour ça qu’elle est juste.
Elle remet en question une idée profondément ancrée selon laquelle aller “bien”, ce serait réussir à s’adapter coûte que coûte, même à un monde instable, violent, incohérent ou déshumanisant.
Ce n’est pas normal… mais c’est logique d’être anxieux dans ce monde
Crises climatiques, conflits armés, tensions sociales, insécurité économique, surcharge d’informations anxiogènes, images violentes en continu.
Dans ce contexte, ressentir de l’anxiété est logique.
Mais logique ne veut pas dire sain. Fréquent ne veut pas dire souhaitable.
Dire « c’est normal d’être anxieux » peut soulager sur le moment, mais cela peut aussi devenir une forme de résignation silencieuse :
“Puisque c’est normal, je dois vivre avec.”
Or non.
👉 Ce n’est pas normal de vivre durablement dans l’alerte, la peur diffuse et l’impuissance.
👉 Mais c’est compréhensible, au regard de l’environnement dans lequel nous baignons h24.
C’est exactement ce que pointe Krishnamurti : s’adapter parfaitement à un système malade n’est pas une preuve de santé mental.
« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être bien adapté à une société profondément malade »
Cette citation n’est pas une invitation à se marginaliser ou à rejeter le monde. Elle met en lumière autre chose : le malaise intérieur peut être une réaction saine à quelque chose qui ne l’est pas.
Quand l’anxiété apparaît, la vraie question n’est pas toujours :
« Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? »
Mais parfois :
« À quoi suis-je en train de m’adapter ou me sur adapter ? »
Est-ce une adaptation du à mes blessures ou est-ce une adaptation saine ? Tel est la question.
Quand le système nerveux est exposé à l’impuissance
Notre système nerveux n’a pas été conçu pour absorber en continu :
des images violentes
des récits catastrophiques
des menaces globales
sans possibilité d’action réelle
Biologiquement, face à un danger, le corps a besoin de :
agir
fuir
se protéger
ou s'immobiliser
Or aujourd’hui, nous sommes souvent confrontés à des informations :
terribles
répétées
incontrôlables
sur lesquelles nous n’avons aucun levier
et des micro agression tous les jours
Un exemple marquant est celui du 11 septembre 2001. De nombreuses personnes, partout dans le monde, ont assisté aux attentats en direct à la télévision. Elles n’étaient pas physiquement sur place, et pourtant, beaucoup ont développé des symptômes traumatiques : anxiété intense, cauchemars, hypervigilance, sentiment d’insécurité durable.
Pourquoi ? Parce qu’elles ont été exposées à des images d’une extrême violence sans aucune possibilité d’agir, de fuir ou de se protéger. Le système nerveux a perçu la menace comme réelle, immédiate, tout en étant plongé dans une impuissance totale sans aucun possibilité d'action.
👉 Dans ces conditions, le système nerveux bascule en figement ou en effondrement.
👉 À long terme, cela peut ressembler à une forme de traumatisation indirecte.
Ce n’est pas “dans la tête”. C’est une réaction physiologique normale face à une impuissance prolongée.
tu peux aller voir mon article " Pourquoi suis je anxieux ? Comment réguler le système nerveux !"
L’estime de soi aide… mais ne rend pas invincible
Avoir une bonne estime de soi est un facteur de protection important. Elle permet de :
se sentir légitime
croire que ses actions ont de la valeur et de l'importance
oser s’engager, même modestement
Mais il est essentiel de le dire clairement :
👉 une bonne estime de soi ne supprime pas totalement l’anxiété.
Même une personne stable, alignée et confiante peut ressentir :
de la peur
de la tristesse
de l’inquiétude face à l’état du monde
Pour le coup c'est un signe de bonne santé mental.
L’objectif n’est donc pas de ne plus jamais ressentir d’anxiété, mais de ne pas rester figé dedans. Tu peux également aller voir mon article sur l'estime de soi et son importance dans ta vie
.
Revenir à sa responsabilité (sans culpabilité)
Il y a un moment clé où une question pertinente et importante peut émerger :
Qu’est-ce qui est réellement sous ma responsabilité, ici et maintenant ?
Ce n'est pas sauver le monde à toi seul ou de porter ce qui ne dépend pas de toi.
Mais :
incarner ce que tu aimerais voir exister davantage dans ce monde
à ton échelle
avec tes moyens
dans ta réalité
Écouter avec plus de présence. Poser un acte aligné avec tes valeurs. Faire des choix cohérent, même minuscule.

La goutte d’eau qui change quelque chose (en toi)
Non, tes petites actions ne sauveront pas spécialement le monde. Et ce n’est pas spécifiquement leur rôle.
Mais elles font quelque chose de fondamental :
elles te sortent du figement
elles te remettent en mouvement
elles redonnent à ton système nerveux un sentiment de contrôle et de puissance
elles construisent une image de toi cohérente, digne et alignée
elle peuvent inspirer les gens autour de toi
👉 Et c’est là que la culpabilité se volatilise.
Car la culpabilité naît souvent de ce conflit intérieur :
« Je vois ce qui ne va pas… et je ne fais rien. »
Agir, même à petite échelle, apaise ce conflit.
Reprendre du pouvoir, sans porter le monde
Reprendre sa responsabilité, ce n’est pas se forcer ni se surcharger. C’est reconnaître ce qui n’est pas sous ton contrôle et habiter pleinement ce qui l’est.
Cela ne guérit pas tout. Cela n’efface pas l’anxiété d’un coup.
Mais elle restaure quelque chose d’essentiel :
👉 la sensation d’être vivant, acteur, et aligné.
Et maintenant ?
Si ce texte résonne pour toi, tu n’as rien à “corriger” chez toi. Mais tu peux apprendre à :
sortir du figement
réguler ton système nerveux
renforcer ton estime de toi
retrouver une capacité d’action juste et humaine
🎧 Tu peux commencer par écouter mon podcast « Estime de soi vs confiance en soi » sur ma chaîne Tous des Bichettes, disponible sur Spotify, Deezer et YouTube.
💬 Et si tu ressens le besoin d’un accompagnement plus personnel, tu peux aussi me contacter directement pour en parler.
Parfois, il ne s’agit pas d’aller mieux à tout prix, mais d’arrêter de s’adapter à ce qui nous abîme.







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